Qu’est-ce que c’est ?
Ce dispositif ludique de mise en scène combine les effets ludiques et les technologies avancées des jeux vidéo (3D, personnages, environnement…). Avec une intention sérieuse, ce média a pour but de faire passer un message de façon pédagogique, informative ou idéologique.
Le newsgame « Primaires à gauche » (2011) a amené pour la première fois en France la relation entre le jeu vidéo et le journalisme. Le secteur voyait là un moyen de conquérir de nouveaux publics en s’adaptant à de nouveaux usages de l’information.
Ce format d’information numérique à part entière, est fondé sur l’interactivité. Pour que le jeu fonctionne, il faut que l’interface soit attrayante et que le joueur accepte et ait conscience de jouer. C’est justement la différence avec les webdocumentaires qui n’adoptent pas une posture et une structure de jeu.
Une extension du journalisme
L’histoire de la profession met en avant de multiples manières de concevoir et de pratiquer le journalisme. Au fil des années les différents outils d’écriture et l’arrivée du numérique ont contribué à la (re)définition de la profession.
Bien qu’il s’agisse de jeu vidéo, la vocation première est de traiter un sujet de l’actualité. Dans une université de Lorraine (Centre de recherche sur les médiations), des étudiants ont créé « Opposition RadioActive » (O.R.A 2011), portant sur la controverse des déchets radioactifs.
Le dispositif propose au joueur d’incarner un communicant chargé de convaincre du bien fondé ou de l’illégitimité du projet d’enfouissement des déchets. La première étape du travail journalistique est de mener l’enquête sur le sujet : quelles personnes contacter, quelles questions poser, collecter de la documentation… L’intérêt du jeu réside dans la narration. L’écriture du scénario est importante car elle permet au journaliste de livrer au joueur sa vision du réel. Les contenus sont rédigés dans le but d’être intégrés dans le jeu pour fournir au joueur des éléments de compréhension afin de l’aider à prendre les décisions.
Devenir acteur et prendre conscience
Dans ces applications, nous sommes le personnage principal d’un scénario inspiré de faits réels, comme pour l’application « Enterre-moi, mon amour » (« Burry me, my love », http://enterremoimonamour.arte.tv/ ). Développé par le studio The Pixel Hunt, ce jeu payant sur smartphone, raconte l’histoire d’une jeune femme Nour, qui quitte la Syrie. Sa ville est détruite par les bombes et toute sa famille est décédée. Elle décide de partir vers l’Europe pour avoir une vie meilleure. Elle prépare le voyage avec son mari et une fois partie, reste en contact avec lui, Majd.
C’est là que nous intervenons. À travers Majd nous communiquons avec Nour, via une application type What’s App. Notre sensibilité, empathie est mise à l’épreuve, car même si nous échangeons des messages, des photos, des emojis, régulièrement Nour va nous demander notre avis ou des conseils (où dormir ? Faire demi-tour ?). Le but étant de lui venir au mieux en aide pour que son voyage se déroule bien.
Cette fiction interactive apparue dans le monde du digital en 2017, a de quoi vous déstabiliser, car vous êtes au coeur de l’histoire et il n’est pas toujours simple de savoir quoi faire. Via vos actions vous serez sensibilisés aux situations complexes des migrants, à la diversité de leurs choix et à leur difficulté d’intégration dans la société.
L’objectif de ces animations n’est pas de convaincre le joueur qu’une solution est « meilleure » qu’une autre mais de lui faire prendre des décisions cohérentes par rapport à la situation ludique. Dans le cas des newsgame, les joueurs testent le fonctionnement de certains mécanismes du « réel ». Cet outil permet d’apprendre à défendre des causes et des arguments dans la controverse liée au sujet. Le newsgame est un média complètement adapté à l’époque du digital. C’est un bon moyen de sensibiliser la population à différents sujets, en leur faisant comprendre la complexité du sujet et en leur permettant de développer leur esprit critique.